Bulletin n. 3/2010
January 2011
CONTENTS
  • Section A) The theory and practise of the federal states and multi-level systems of government
  • Section B) Global governance and international organizations
  • Section C) Regional integration processes
  • Section D) Federalism as a political idea
  • Bréville Benoît
    La Révolution tranquille n’a pas eu lieu
    in Monde Diplomatique (Le) , Novembre ,  2010
    Les quatre cents ans de la ville de Québec, en 2008, ont été célébrés dans une évocation triomphale de l’unité nationale canadienne. Grâce aux 150 millions de dollars débloqués par les différents gouvernements, une flottille de voiliers quitta La Rochelle afin de reconstituer la traversée de l’Atlantique, des concerts gratuits furent organisés (Céline Dion, Paul McCartney...), un film retraçant l’histoire du Québec fut projeté chaque soir sur un écran monumental, etc. Un autre anniversaire, en revanche, est passé inaperçu : le cinquantenaire de la Révolution tranquille, début de l’essor d’un souverainisme progressiste qui parvint à doter le Québec d’un système social avancé. Depuis, pourtant, l’abandon par le nationalisme québécois de ses visées progressistes a causé sa perte. L’histoire aurait-elle pu suivre une autre voie ? En 1960, Jean Lesage, chef du Parti libéral du Québec (PLQ), succède comme premier ministre à Maurice Duplessis, le fondateur de la très conservatrice Union nationale. Dans cette province francophone où le capital étranger domine, la stagnation économique a provoqué un fort chômage (9,2 % en 1960) et, en absence d’intervention publique, c’est l’Eglise catholique qui règne sur l’éducation, la santé et les services sociaux. Autour du slogan « Maîtres chez nous », le nouveau gouvernement entreprend de « moderniser » le Québec — terme qui, à l’époque, ne signifiait pas couper dans les services publics. Le keynésianisme mâtiné de nationalisme économique des architectes de la Révolution tranquille accouche d’un Etat-providence d’inspiration… britannique. Les dépenses de santé sont prises en charge par la Régie de l’assurance-maladie, et celle des rentes du Québec remplace l’insuffisant système de retraites de l’Etat fédéral canadien. Instaurant la gratuité de l’enseignement, le gouvernement libéral démocratise l’éducation. Et, pour accroître la part du public dans l’économie, il crée des sociétés d’Etat (Caisses de dépôt et de placement, Société générale de financement, etc.). La nationalisation totale des entreprises
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